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L'histoire de l'Association Française de Lutte Contre l'Hyperémèse gravidique.

Sharone Cyngister a interviewé Audrey Tranchant la fondatrice de l'Association Française.



Son histoire personnel et sa grossesse.

Audrey, fondatrice de l’association française est maman de trois petits garçons.

L’hyperémèse gravidique a été présente tout le long de sa troisième grossesse. A peine enceinte de quelques semaines, les vomissements incoercibles et les nausées constantes étaient bien présents.

En 2017, la pathologie était complètement inconnue des professionnels de la santé. En trois semaines, Audrey a perdu 12 kilos. Elle a également été hospitalisée à deux reprises. Lors de ses hospitalisations, elle était hydratée et elle recevait du lagarctil mais dès son retour à la maison, les symptômes reprenaient de plus belle.

Un jour, Audrey décide d’appeler à l’aide sa sage-femme qui lui parle d’un médicament utilisé au Canada, son équivalent en France s’appelle le donormyl, délivrable sans ordonnance. Ce médicament a sauvé sa grossesse : alors qu’elle vomissait environ 100 fois par jour, elle ne vomissait plus que quelques fois. Les nausées quant à elles sont restées jusqu’au bout.

La fondatrice a vomi une dernière fois lors de son accouchement. Une fois son petit garçon dans les bras, la pathologie était terminée et elle a pu manger son plateau repas avec appétit et envie.

Son corps a été au bout de ce qu’il pouvait faire à cause de l’hyperémèse gravidique. Une anomalie dans son placenta, une hémorragie post-accouchement et une septicémie montrent à quel point son corps était fatigué.



A quel moment as-tu eu l’envie de créer une association ? Pourquoi l’avoir créée ?

En fin de grossesse, Audrey s’est inscrite sur le groupe Facebook « 9 mois avec ma bassine », ce groupe d’échanges de femmes atteintes a permis à la fondatrice de se sentir moins seule et d’être soutenue. C’est à ce moment-là que l’envie de créer une association est apparue.

Après son accouchement, c’est avec trois autres femmes du groupe qu’elles ont monté une association. Audrey s’est engagée car elle savait qu’elle n’aurait plus d’enfant à cause de cette pathologie.

Comme à l’époque, il n’y avait aucune source informative qui aborde le sujet en France, l’objectif était de créer des sources consultables directement en français. En effet, en 2017 l’hyperémèse gravidique n’existait pas en France, les professionnels de la santé apprenaient durant leur cursus que cette pathologie était simplement physiologique et donc normale en cas de grossesse (malgré la documentation déjà existante sur l’hyperémèse gravidique aux Etats-Unis, au Canada ou encore au Royaume-Unis).


Comment as-tu réussi à créer l’association ?

En France, c’est assez facile de créer une association, il suffit de rédiger un PV d’assemblée constitutive réalisée (en ligne). Ensuite, il faut rédiger des statuts et les déposer dans une préfecture. La charge administrative n’a donc pas été un frein à la création de l’association, une bonne nouvelle pour les fondatrices à l’époque.



Quels étaient les objectifs de l’association à l’époque ?

Les premiers objectifs de l’association étaient un soutien pour les femmes atteintes de la pathologie et l’ouverture de la parole en publiant des témoignages.

L’association voulait montrer à la France que les femmes souffrent bel et bien d’une pathologie.



Quels sont les objectifs de l’association aujourd’hui ?

Les premiers objectifs de l’association sont toujours d’actualité. Aujourd’hui l’association souhaite également soutenir le co-parent et les familles. Elle souhaite collaborer avec les professionnels de la santé, informer et sensibiliser.

De 2019 à 2022, l’association ainsi que qu’une vingtaine de personnes en lien avec la pathologie ont formé un comité et se sont mis d’accord pour créer les recommandations de prise en charge et une définition précise de la pathologie.

L’association souhaite aujourd’hui engager la recherche avec un comité scientifique dans lequel le Professeur Deruelle devrait être présent.


Quelles difficultés as-tu rencontré avec l’association (médecin…) ?

La plus grande difficulté, toujours d’actualité, est de répandre sur l’ensemble du territoire français que l’hyperémèse gravidique est bien une pathologie. Changer les mentalités et les habitudes médicales sont compliquées pour l’association. Audrey nous raconte par exemple l’utilisation de l’expression péjorative « les vomisseuses » utilisée très souvent par le personnel médical.


Comment le professeur Deruelle est devenu parrain de l’association ?

L’association a été contactée par le professeur Deruelle en 2019 pour la création du protocole. Leurs échanges étaient réguliers et la collaboration fructueuse.

Le professeur est un médecin très investi, la collaboration s’est donc élargi avec de nouveaux aspects telles que la prise en charge de patientes atteintes de la pathologie et l’envie de devenir parrain de l’association.

Ensemble, ils souhaiteraient s’aligner sur les prises en charge réalisées aux Etats-Unis ou au Canada.


Quelle est ta plus grande fierté en rapport avec l’association ?

Les recommandations de prise en charge et la définition précise de la pathologie sont la fierté d’Audrey et de l’association. Il s’agit même d’une fierté commune de 20 personnes car ce protocole était très attendu.

Aujourd’hui, l’association est fière de mettre en avant les critères cliniques. Un diagnostic peut être posé sur cette pathologie. C’est un véritable support utilisé pour déculpabiliser les mamans qui pensent encore que c’est à cause d’elles si elles sont malades.


Si tu devais décrire l’association française en 3 mots, quels sont-ils ?

Audrey a trouvé cette question difficile mais avec le sourire elle a répondu naturellement les trois mots suivants :

Soutien – prise en charge – recherche.


Comment vois-tu l’association dans 10 ans ?

Elle aimerait que l’association soit bien évidemment toujours présente avec de nouveaux projets tels que des antennes partout en France. Elle voudrait une association nationale avec des pôles partout en France pour recevoir les femmes malades et pouvoir également aller à domicile pour les femmes alitées. Utopie ou projet réalisable ? Nous espérons de tout cœur que son projet puisse voir le jour !


Un petit mot pour les HG mama belges ?

« Beaucoup de courage aux moments souffrantes. Il ne faut pas hésiter à se faire aider et à contacter l’association belge. Déjà parler, cela fait beaucoup de bien et c’est très important. Il ne faut pas perdre espoir. L’association française continuera de renvoyer les mamans belges vers l’association belge. »




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